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science fiction - Page 2

  • Under the Skin (2014)

    Un film de Jonathan Glazer

    14664177810_f73ea238af_m.jpgTout d'abord, mille excuses aux internautes concernant cette longue pause : quelques semaines de vacances, ainsi qu'une panne internet de grande ampleur (toujours en cours) m'ont empêché de publier à mon rythme habituel. Malgré la panne, je peux tout de même vous proposer quelques petites choses en attendant...

    Un réalisateur rare (pas de films depuis 10 ans), une star, une exclu (on voit Scarlet Johansson nue), voilà une recette qui sait attirer l'attention. Le film de Jonathan Glazer, clippeur renommé, est par moments expérimental (images en surimpressions, extrême économie de dialogues) et réussit l'exploit de faire paraître Scarlet normale. Certains passages sont également esthétiquement bluffants (le rituel d'attraction de Scarlet), et la séquence du freak malformé est très forte. Mais cela ne suffit pas : la prétention visuelle de l'ensemble, mêlé à une bande originale très arty (sonorités industrielles suscitant le malaise) n'a d'égale que l'extrême simplicité du propos (l'éveil d'une extra-terrestre aux sensations humaines).

    Est-ce aussi simple que cela ? Peut-être pas. Mais le film, déjà pauvre en personnages, s'accompagne d'un homme totalement inutile (le motard, sensé "nettoyer" les exactions commises par l'extra-terrestre?) qui n'arrange rien à l'affaire.

    Le film passe à deux doigts du ratage complet tellement le parcours des personnages a du mal à susciter l'intérêt. Certes, le film sort des sentiers battus : c'est un film de science-fiction à la sauce indépendant, racontant tout dans les moments « en creux », qui colle aux plus près de ses personnages, si peu intéressants qu'ils soient. Rallonger les séquences jusqu'à l'ennui n'est pas, à notre sens, une preuve de grand talent : Glazer aura tenté quelque chose de différent, et, hors de quelques trouvailles et ambiances réussies, se plante tout de même. Same player, try again !

  • Hommage à HR Giger (1940-2014)

    14182791934_f7b4774e4b_n.jpgL'artiste Hans Rudi Giger est décédé le 12 mai dernier. Il laisse notamment derrière lui une trace indélébile dans le cinéma de science-fiction et d'horreur, la créature d'Alien. La créature ne fut pas créée spécialement pour le film ; Giger avait déjà imaginée cette forme biomécanique pour illustrer son livre Necronomicon ; Ridley Scott, ayant eu connaissance de l'ouvrage, a totalement accroché avec le style de l'artiste, et a engagé Giger sur foi de ces images. Des images du Necronomicon furent également publiées en 1977 dans la revue Métal Hurlant n°21. S'il a participé à divers degrés aux autres films de la saga, son influence sur l'aspect visuel de Prometheus est prégnante, Ridley Scott ayant fait de nouveau appel à lui.

    Mais Giger était aussi un artiste total, torturé et hanté par toutes sortes de cauchemars qu'il tente visiblement d'exorciser par ses créations, qui distillent toutes une sensation de malaise, en même temps qu'une forte connotation sexuelle. Le petit livre sorti chez Taschen, HR Giger Arh+, est déjà très complet pour avoir une vue globale du travail de l'artiste.

    A tous ceux qui sont intéressés par le travail de Giger, je ne peux que recommander la visite du Musée Giger, qui se trouve dans le bourg de Gruyères, en Suisse (où l'on peut également déguster de savoureuses spécialités fromagères !). Le musée dans son entier a été créé par Giger, donc le mobilier, les motifs au sol, au mur et au plafond sont de l'artiste : une adresse imparable pour pénétrer dans l'esprit malade et fichtremment créatif de Giger, qui sonnait déjà comme une sorte de mausolée macabre de son vivant : le musée pourra jouer pleinement son rôle aujourd'hui.

    Source image : Devanture du Musée Giger (détail) - collection personnelle de l'auteur.

  • Exposition : Star Wars Identités, on l'a faite !

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    Rendez-vous est pris (hé oui, il faut réserver à l'avance), direction la Seine Saint-Denis, au sein de la cité du Cinéma de Luc Besson : les plateaux 8 et 9, totalisant 2000m2, accueillent jusqu'au 30 juin 2014 l'exposition Star Wars Identités, qui passera ensuite par d'autres villes du monde. Les fans de la saga ont déjà pu,  à plusieurs reprises, admirer certaines pièces des archives de Lucasfilm : lors de l'exposition de 2005 à la Cité des Sciences, puis, toujours à la même adresse, lors de l'exposition Science (et) fiction : aventures croisées en 2011, où quelques costumes, maquettes et autres croquis avaient pu être montrés.

    Autant le dire tout de suite, les chanceux qui ont pu visiter ces deux premières expositions peuvent conserver leurs souvenirs émerveillés, tant il y a peu de nouveautés dans cette exposition. Vu le prix de 22 Euros plein tarif, on peut hésiter... mais le voyage est tout de même magique. Revoir l'armure de Bobba Fett, Han Solo piégé dans la carbonite, le pod d'Anakin dans l'Episode I (en grandeur nature!), l'immense costume de l'attachant Chewbacca, c'est toujours quelque chose ; connecter avec cette saga par le biais de ces accessoires les plus emblématiques, voyager avec les sublimes peintures de Ralph McQuarrie, et aussi avoir un petit aperçu de la prochaine série Star Wars : Rebels, cela vaut l'investissement, certes conséquent.

    14123828056_333f409c50_n.jpgLe petit plus de l'exposition réside dans son contenu interactif, qui nous permet, à l'aide d'un bracelet, de devenir un personnage de l'univers Star Wars. En choisissant notre espèce, notre caractère, nos maîtres, notre métier, on accède au final à notre profil Star Wars. Pour ceux qui cherchent à tout prix à faire le plein de photos et d'approcher des pièces inédites, cela pourra paraître anecdotique. Pourtant, la réflexion est intéressante : elle permet de se replonger dans la richesse du bestiaire Star Wars, et l'on ressort évidemment avec une seule envie : revoir tous les films ! Alors, certes, des petites vidéos axées sur la psychologie et la construction de l'être humain paraissent un peu hors-sujet, voire faisant la promotion de certains modèles de pensées qui ont une fâcheuse tendance à donner des leçons, mais ne tournons pas l'aigre pour autant ; pour une plongée d'1h30-2h00 dans cet univers fantastique, cela vaut le coup. Un bien chouette moment en compagnie de personnages qui ont accompagnés l'éveil de plusieurs générations au cinéma d'aventure et de science-fiction : comment refuser l'invitation ?

    Source images : peinture par l'artiste Ralph McQuarrie - Marionnette Yoda

  • La Stratégie Ender (2013) : du livre... au film

    Un roman de Orson Scott Card et un film de Gavin Hood

    13988486401_d7b64dcfa6_m.jpgLa stratégie Ender, le roman d'Orson Scott Card, procure une lecture jouissive :  l'apprentissage du jeune Ender Wiggin, dans sa future bataille contre les Doryphores, alterne scènes de combats galactiques proches du jeu vidéo, tactique, peinture du quotidien tendu de l'entraînement militaire, alliances, camaraderie, sans oublier un récit parallèle sur Terre incluant le frère et la sœur d'Ender, qui permet de relier les destinées individuelles des personnages à un ensemble universel. L'adaptation de ce monument de SF pouvait susciter autant d'attentes que de craintes.

    La première crainte soulevée fut celle de l'âge d'Ender Wiggin : alors qu'il est âgé de 5 ans dans le roman, le personnage, interpété par Asa Butterfield, en a 12 dans le film ; le but recherché est certainement de rendre plus crédible l'intelligence d'Ender. Clairement, c'est finalement loin d'être le problème majeur du film ; c'est même une ses rares qualités. Butterfield est juste impeccable dans le rôle, terriblement intelligent et sensible. Le rôle du colonel Graff, échu à Harrison Ford, pose lui un problème : par sa présence beaucoup plus importante que dans le roman, il devient bien moins ambivalent qu'il n'aurait du, moins sympathique et moins antipathique à la fois. Les extrêmes se perdent avec l'emploi d'acteur de la stature de Ford, qui doit incarner ce personnage entièrement. Pareillement, Mazer Rackam, joué par Ben Kingsley, perd beaucoup de nuances. Enfin, la problématique majeure du film reste évidemment qu'il faut tout montrer : on ne peut plus être laissé dans le flou (sur la forme de l'avant-poste des Doryphores, dont on ignore la nature pendant un long moment dans le roman). Par exemple, la stratégie de guerre et les exercices doivent être visualisés, or on comprend peu de choses sur ce qui se passe, et comment les joueurs arrivent à élaborer leurs formation, à part qu'ils sont toujours sur pont, jour comme nuit. On nous dit qu'ils sont fatigués, mais on ne le voit pas à l'image. Les cessions d'exercice en apesanteur sont, certes magnifiques visuellement, mais incompréhensibles...

    Pourtant, les scènes cultes du bouquin sont retranscrites : les incursions d'Ender dans le jeu vidéo (des séquences casse-gueule qui ne passent pas vraiment dans le film), les bastonnades et humiliations dont est victime le héros, la première apparition de Mazer Rackam, les batailles majeures, les scènes de la première guerre contre les Doryphores... mais le compte n'y est pas. Pour cause, le spectateur est toujours à distance de ce qu'on lui montre, incapable de comprendre l'univers qu'on lui montre. Devant trousser un film de moins de 2h et privilégiant les scènes à effets, Gavin Hood rate le coche en ne donnant pas assez de temps à la mythologie pour se mettre en place. Le début commence ainsi trop rapidement, alors qu'on a pas de notion sur le temps qui passe par la suite ; l'apprentissage d'Ender dure plusieurs années dans le livre, alors qu'on a l'impression que quelques semaines à peine s'écoulent entre le début et la fin du film ; le sacrifice du personnage de Valentine et de Peter, le frère et la sœur de Ender, est symptomatique du sort réservé à l'intrigue : resserré sur les morceaux de bravoure, qui n'en sont plus faute d'explications.

    Décidément, Gavin Hood n'a pas le nez creux sur ses projets hollywoodiens : entre X-Men Origins : Wolverine et Ender, les deux films resteront de très chers ratages.

  • Hunger Games (2012)

    Un film de Gary Ross

    13845381744_d27ac72c3a_m.jpgDisons l'évidence sans attendre : ces Hunger Games ne me disaient rient qui vaille, devant leur évident rapport avec Battle Royale, film japonais qui m'avait estomaqué à l'époque. Après, vision, si le modèle se fait terriblement sentir (impossible que l'auteure du roman ne s'en soit pas inspiré), les films de "jeux de la mort", ainsi que les livres, ne sont pas rares : sur les 50 dernières années, on peut au moins citer Punishment Park (1971), La mort en direct (1980), Le prix du danger (1983), Running Man (1987), ... Cela n'est pas vraiment nouveau. Alors, pourquoi ne pas le raconter... encore une fois ? Et puis, celui qui a réalisé Pleasantville (1998) ne peut pas faire un navet total. Impossible.

    La bonne idée du film, comme du roman, est de prendre le temps de nous installer dans cette dystopie qui fait tout : en punition d'une révolte qui a échouée, le gouvernement de Panem organise les Hunger Games, durant lesquels les 12 districts du monde sélectionnent chacun un garçon et une fille ; ce sont les Tributs. Ils devront s'entre-tuer jusqu'à ce qu'il n'en reste qu'un. Ainsi, les 74èmes Hunger Games ne commencent qu'après une bonne heure de film, donnant à voir ce sombre futur, mais également ces populations bien différentes (les districts de la périphérie essayent de survivre, tandis qu'une élite oisive se prélasse dans le faste).

    Le rapport à l'artificialité des apparences, utilisées pour charmer l'auditoire et attirer la générosité des sponsors qui pourront venir en aide aux joueurs de leur choix pendant le jeu, est bien amené. Ainsi, Katnyss et Peeta, du district 12, font leur entrée sur un char cerné de flammes factices ; l'attirance qu'ils peuvent avoir (ou pas) l'un envers l'autre est également renforcée dans une perspective marketing. Rien de bien nouveau, certes, mais tout cela est bien présenté. Esthétiquement, il faut souligner le courage du film d'aller vers la science-fiction la plus colorée, en donnant aux personnages des costumles, coiffures, maquillages, vraiment too much.

    On regrettera tout de même une psychologie moins efficace que dans Battle Royale, et la prédominance de quelques personnages qui ne laissent pas grande place au reste du cast. Pour autant, Woody Harrelson, en survivant imbibé d'un précédent Hunger Games, tire son épingle du jeu. Pas d'effets follement gore à espérer ici, malgré le pitch meurtrier. Le film, comme ses personnages, reste teen-targeted : Hunger Games et Twilight, même combat ! Et, au contraire du début vraiment réussi, on regrette la fin trop expédiée et prévisible. Allez, on donne quand même la moyenne pour la classe Hunger Games !

    Disponibilité vidéo : Blu-ray et DVD - éditeur : Metropolitan FilmExport

    Source image : affiche du film © Metropolitan FilmExport